À l’occasion du centenaire de la naissance du poète Bernard Manciet, est présenté pour la première fois un grand nombre de ses œuvres graphiques issues de collections privées et de la Ville d’Anglet.
“Écrire et dessiner sont identiques dans leur fond” disait Paul Klee.
Si les lecteurs de Manciet sont familiers des dessins qui illustrent une dizaine de ses recueils, pareil ensemble n’a jamais été réuni, où se déploie l’éventail des différentes “manières” de l’auteur : croquis pris sur le vif au crayon, nus académiques à la sanguine, à la craie, à l’encre sépia, portraits en larges touches à la peinture, abstractions calligraphiques à l’encre de Chine façon Soulages, architectures, paysages ou bouquets à l’aquarelle ou à la gouache, mêlées de rugby ou extraordinaires tauromachies en rouge et noir de Per El Yiyo, ou noir et bleu de Rachou en hommage au torero et à l’écarteur, morts dans l’arène ainsi qu’une correspondance illustrée.
Manciet dessinait au fil de la plume et des instants, “au petit bonheur la chance” disait-il, se fiant à son clin d’œil rapide. Une désinvolture élégante caractérise son trait et une volupté en fertilise le sens.
Autant d’œuvres, qui sont autant de fenêtres entrebâillées sur sa poésie. « Bernard Manciet n’est pas peintre commente le critique, Bernard Marcadé Du moins officiellement. Car la poésie est son territoire d’élection. Pourtant, à y regarder de plus près, la peinture, et singulièrement le dessin, ne cessent de hanter son univers poétique (…). Le dessin est ce qui bat au cœur de ses mots et de ses fulgurances langagières. (…). Il opère une découpe à vif de la matière signifiante. Ses poèmes sont taillés à la serpe, incisés et sertis dans la texture des mots d’une façon éminemment plastique. »
Fruit d’une pratique quasi quotidienne – Bernard Manciet a dû produire plusieurs centaines de dessins en un quart de siècle – elle est pétrie d’émotions et de souvenirs personnels. Cette oeuvre graphique raconte aussi une histoire. Celle de liens familiaux, amicaux, intellectuels avec celles et ceux à qui elle était offerte et qui en sont devenus les dépositaires. On leur saura gré d’avoir fait resurgir cette source jaillissante de quelques cent-cinquante oeuvres issues de diverses collections dont celle de la Ville d’Anglet.
Visuel haut : à gauche, Bernard Manciet, Sans titre, 1978, 27,5 x 18,8 cm. Encre de Chine sur papier, collection Ville d’Anglet, fonds Marcadé. À droite, Bernard Manciet, Autoportrait, 1981, 21 x 29,7 cm. Encre de Chine sur papier, collection Pèire Venzac.
Le livre : Bernard Manciet, Au pays de l’esquive
Cet ouvrage, édité par Confluences (Bordeaux), accompagne l’exposition. Il en est une sélection qui, à travers soixante-dix dessins, encres et peintures sélectionnés, cherche à évoquer la plupart des thèmes et des techniques exposés. Avec une préface de Bernard Marcadé, un texte central de Bernard Manciet lui-même et une post-face du collectionneur et historien d’art, Jean-Claude Marcadé.
Le livre est disponible au Centre d’art, en librairie ou en ligne sur editionsconfluences.com
Il a bénéficié du soutien de partenaires publics : la Région Nouvelle-Aquitaine, la Ville d’Anglet, et le Conseil départemental de la Gironde, ainsi que du partenaire associatif Les Nuits Atypiques.